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Jeudi 30 Avril 2009 | Saint Robert

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Jeudi 30 Avril 2009

TRANSPORT. Demain matin Veolia Transport aura cédé sa place à Keolis. À l'issue d'une compétition musclée

Comment Keolis a pris les manettes

C'est demain à 6h42 que Keolis va devenir l'opérateur des trams bordelais. (Photo archives Laurent Theillet)
C'est demain à 6h42 que Keolis va devenir l'opérateur des trams bordelais. (Photo archives Laurent Theillet)
C'est demain à 6h42 que Keolis va devenir l'opérateur des trams bordelais. (Photo archives Laurent Theillet)
C'est demain à 6h42 que Keolis va devenir l'opérateur des trams bordelais. (Photo archives Laurent Theillet)

Transdev n'y a pas cru. La filiale de la Caisse des dépôts et consignations, une des plus grosses entreprises de transport d'Europe, n'a pas estimé utile de se porter candidate au renouvellement de la délégation de service public des transports en commun - bus et tram - de l'agglomération bordelaise, un des plus beaux réseaux de France, voire d'Europe.

En fait Transdev reconnaît aujourd'hui ne pas avoir cru que les cartes du transport public pouvaient être rebattues à Bordeaux. Et pourtant, aujourd'hui jeudi 30 avril 2009, Bruno Danet, le nouveau patron du TBC, se voit remettre les clés du réseau bordelais. Keolis a chassé Veolia Transport, une entreprise qui gère le réseau bordelais depuis l'après-guerre au gré des changements de noms (CGFTE, Connex) et de groupes. Voici pourquoi.

1 L'envie du challenger

La filiale de la SNCF a beaucoup investi dans cette candidature. Comme on dit dans le monde du rugby, elle a démontré, depuis deux ans, une belle envie, de bonnes intentions. Elle connaît bien aujourd'hui les forces et faiblesses du TBC.

Elle a ausculté le réseau des mois durant. Et a fini par surmonter son principal handicap, celui de jouer le match à l'extérieur. À l'inverse, tout au long de la négociation entre la commission spéciale de la CUB chargée d'examiner les offres, Veolia Bordeaux jouait à domicile, trop sûre de son expertise du réseau, de ses appuis locaux. « Il a fallu attendre la dernière réunion avec le titulaire du contrat pour qu'il produise des propositions sérieuses », indique Gérard Chausset (Verts, Mérignac).

2 La volonté de changement

Au sein de la Commission spéciale, c'était du 50-50. Michel Olivier (PC, Pessac) et Jean-Marc Gaüzère (UMP, Bordeaux) penchaient, au final, pour Veolia. Ce n'est un secret pour personne. Gérard Chausset ne parvenait pas à masquer sa préférence pour Keolis.

Vincent Feltesse, sait que les débats autour des délégataires sont porteurs au sein du PS en particulier. Il n'est pas, à titre personnel, obsédé par la régie publique directe, mais pense que les changements d'opérateurs offrent de vrais leviers financiers. Le maire de Bordeaux a finalement fait pencher la balance au sein de son groupe à la CUB en faveur de Keolis.

Alain Juppé pense que l'intermodalité avec le train sera plus facile avec la filiale de la SNCF. Veolia a sous estimé la volonté de changement des élus. « Ils ne donnaient plus le sentiment d'écouter nos doléances », assure Michel Duchène (UMP, Bordeaux).

3 L'offre de services

Keolis a aussi gagné par la qualité de son offre. Celle de Veolia était proche toutefois. Équivalente sur la lutte contre la fraude, Veolia faisait une offre financière meilleure à la CUB mais Keolis l'emportait sur les engagements de fréquentation. C'est l'ampleur de l'offre de bus supplémentaire, leur régularité et les nouvelles dessertes urbaines de proximité qui ont achevé de convaincre. Keolis veut aérer le TBC. Ses opposants brocardent la perspective de bus de soirée déserts. Les syndicats sont sceptiques.

« La clé du succès financier de l'offre Keolis réside pourtant dans la forte augmentation du trafic, donc des recettes », assure Yves Roquelet, l'inspecteur général des services.

4 Les garanties sociales

« Ils sont malins », indiquait récemment Alain Thomas, le représentant de l'intersyndicale. L'entreprise est précédée d'une réputation énergique en matière de gestion du personnel.

Mais pour gagner Bordeaux, Keolis a montré patte blanche. Son directeur général s'est engagé auprès des syndicats à reprendre tous les contrats de travail, à ne pas changer d'organisation du travail de manière unilatérale voire sous la forme du volontariat.

Et donc à ne pas toucher à l'acquis des 7 heures 36 de travail quotidien.

L'avenir dira si Keolis peut honorer ses engagements contractuels sans faire évoluer cette règle. « L'entreprise ne peut pas non plus rester figée » précise Bruno Danet, le patron du TBC.

5 La victoire judiciaire

La bagarre est rude entre les opérateurs en Europe qui pousse à l'ouverture de marchés longtemps protégés. Mais jamais les patrons de Keolis n'ont connu une telle opposition juridique. L'offensive est venue de la Deutsche Bahn. L'alter ego de la SNCF à Berlin est parvenu à faire suspendre la signature imminente du contrat par le tribunal administratif de Bordeaux le 11 décembre 2008. Motif : la CUB n'avait pas, à l'automne 2007, fait une publicité suffisamment large, en Europe, de son appel à candidatures. Cette annulation a profité à Veolia Transport qui a vu son contrat prolongé de quelque mois, jusqu'à ce que le Conseil d'État ne rétablisse la CUB, donc Keolis dans son droit. Veolia ne renonce pas pour autant. Elle a déposé, trop tard, un nouveau recours contre la CUB pour inégalité de traitement par la collectivité entre les deux seules entreprises candidates. Lorsque sera jugé cet énième recours, Keolis et les usagers bordelais, auront déjà fait de nombreux kilomètres de tramway et de bus ensemble.

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Ce qui va se passer maintenant

Demain à 6 h 42, Keolis sera l'exploitant

C'est le branle-bas de combat. Depuis quelques jours les réunions s'intensifient entre les cadres de Veolia Transport, ceux de Keolis et ceux de la CUB pour réussir une transition neutre et transparente pour l'usager et les salariés. « Il n'y aura aucune rupture de service », annonce Thierry Beheregaray, le directeur régional de Veolia Transport qui promet désormais une transmission « entre professionnels ». Bruno Danet, le nouveau patron du réseau aura les clés dès aujourd'hui.

Mais c'est formellement demain matin, à 6 h 42, que Keolis deviendra juridiquement le nouvel opérateur de transport de tram et de bus à Bordeaux. Depuis mardi, les équipes procèdent à un état des lieux des bâtiments et des matériels (plus de 600 véhicules). Bruno Danet qui arrive avec 6 cadres supérieurs (marketing, projet d'entreprise, exploitation, gouvernance contractuelle) a rencontré en début de semaine une cinquantaine de cadres et d'agents de maîtrise de la maison. Le climat est à l'apaisement. « Nous voulons réussir notre projet avec tous les salariés de l'entreprise », indique Bruno Danet qui va mettre le paquet sur l'information et la concertation en interne.

Outil d'intermodalité

D'ici à au mois de septembre, la concertation avec les maires sur le nouveau réseau de bus, déjà engagée, va se poursuivre. La population et la clientèle seront saisies des évolutions du réseau de bus qui sera opérationnel au premier trimestre prochain.

D'ici à la rentrée universitaire, et après concertation avec les agents, notamment les conducteurs, Keolis promet des améliorations (cadences, affluence) sur le tramway, notamment sur la ligne B surchargée. La concertation avec les maires devra aussi préciser les conditions d'implantations des stations de location de vélo, « un vrai outil d'intermodalité », selon Bruno Danet. Une première station pourrait ouvrir d'ici au mois de septembre sur Bordeaux-centre.

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Les chiffres

3,2

milliards d'euros. C'est le chiffre d'affaires consolidé du groupe Keolis dans le monde. Filiale de la SNCF, il emploie 40 000 salariés et gère, en France, les métros de Lille et de Lyon, les tram de Caen et du Mans ainsi que de nombreux réseaux de bus comme en Gironde ou en Charente-Maritime.

750

millions d 'euros. C'est le montant du contrat signé pour 5 ans entre la Communauté urbaine de Bordeaux et Keolis. Il comporte le montant de la contribution (le déficit) de la collectivité estimée à 149 millions d 'euros par an. Les recettes commerciales déduites, Keolis s'engage à ce que le TBC coûte 90 millions d'euros au budget annuel de la CUB. C'est moins qu'aujourd'hui.

2 000

contrats de travail sont repris par Keolis aux conditions indemnitaires et d'ancienneté identiques. Keolis parie sur une progression de la fréquentation commerciale de 60 % d'ici à 2013. Et annonce la création d'une centaine d'emplois à cet horizon.

 

Auteur : Jean-Bernard gilles
J.-B. G.
jb.gilles@sudouest.com

Tags : Bordeaux Economie Transports Entreprises Finance Travail mérignac pessac
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